Et si vous viviez un vrai Noël, un Noël qui choie les sens et l'esprit, un Noël qui donne l'occasion de ralentir, de renouer des liens avec des personnes chères… Embarquez pour 60 jours de bonheur !
LA SAINTE-BARBE, 4 DÉCEMBRE
C'est le lancement des préparatifs de Noël : le jour où l'on sème le blé de l'espérance.
Pourquoi ne pas réaliser vous-même, lors d'un stage ou d'une initiation, la coupelle en terre cuite où germera le blé de la Sainte-Barbe ? Potiers, faïenciers et céramistes attendent votre visite.
Car le Sud est une terre d'argile. Et selon le proverbe : « Un pot pour la cuisine, un pichet pour l'eau et un panier pour le jardin suffisent à se nourrir ». Aubagne et le pays de l'Étoile, Salernes avec son musée Terra Rossa, Vallauris avec son musée de la Céramique sont les capitales des arts de la terre. Et Moustiers-Sainte-Marie est, depuis le XVIIe siècle, un haut-lieu de la faïence. De nombreux ateliers vous invitent à observer potiers et céramistes tourner, façonner, mouler, cuire, vernisser, émailler, décorer… Encore une belle idée de cadeau !
Dans le Sud, à la période de Noël, nombre d'intérieurs accueillent une famille miniature : une crèche !
Une crèche, avec sa collection de santons, fait partie du patrimoine de chaque famille. Elle s'agrandit chaque année.
Avis aux artistes amateurs : on trouve, sur les étals des foires aux santons, des personnages prêts à peindre en terre cuite nature. Le Vieux-Port de Marseille en accueille une chaque hiver depuis 220 ans !
On déniche ses figurines sur les marchés de Noël ou dans les ateliers de santonniers. Ces derniers invitent parfois à assister à la fabrication des santons, du modelage du moule en plâtre au coup de pinceau final. La diversité de leurs modèles est impressionnante, et chaque année il s'en crée de nouveaux.
Temps fort des fêtes de Noël, le gros souper, « gros soupa » en provençal ou repas maigre, se partage en famille ou entre amis le 24 décembre.
Toutes sortes de mets défilent sur la table ornée de branches de houx et du blé et des lentilles de la Sainte-Barbe. Le repas maigre peut commencer par un aïgo boulido, un bouillon parfumé d'ail, de sauge et de thym. Suivent ensuite sept plats sans viande, même si, de plus en plus souvent, la dinde s'invite au menu : morue aux poireaux, gratin de courges, omelette aux truffes…
Le gros souper respecte de nombreux rituels : la table doit être recouverte de trois nappes. « Lou gros soupa » est servi sur la première, la deuxième accueillera le déjeuner du 25, avec viande cette fois. Sur la troisième, on sert les restes, le 25 au soir. Ce repas de fête peut être composé de sept plats et accompagné de treize pains.
On se réjouit de terminer la soirée de Noël devant un bel assortiment de 13 desserts traditionnel de nos boulangers, pâtissiers, chocolatiers, nougatiers, surtout lorsqu'on revient de la messe de minuit !
Le chiffre 13 fait référence à Jésus et ses 12 apôtres, tandis que les fruits secs ou mendiants traditionnellement servis représentent les ordres monastiques.
Citons : les nougats noir et blanc, les fruits secs – nommés « quatre mendiants », la pompe à l'huile qui peut être un gibassier ou une fougasse à la fleur d'oranger. Parmi les fruits frais : pommes, poires, melon vert et raisin de table. Les dattes rappellent la fuite en Égypte. On trouve également mandarines ou oranges, diverses confiseries comme des pâtes de fruits ou des chocolats. Enfin la bûche de Noël, un biscuit roulé, est parfois servie en souvenir du cacho fio, la bûche que l'on brûlait autrefois pour célébrer l'an neuf.
En grec, le mot épiphanie signifie « manifestation » ou « apparition ». C'est la commémoration de l'arrivée des Rois Mages Balthazar, Melchior et Gaspard. Venus d'Orient, ils ont été guidés par une étoile pour rendre hommage à Jésus, qui vient de naître à Bethléem. Ils lui apportent des présents : or, myrrhe et encens. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, on partage à l'Épiphanie une galette des Rois dont la forme ronde et la couleur dorée symbolisent le soleil. Il s'agit – plutôt que d'une galette feuilletée à la frangipane – d'une brioche en forme de couronne décorée de fruits confits : bigarreaux, angélique, melon… Une fève, ou une figurine en faïence, ou les deux sont dissimulées dans la mie. Celui ou celle qui les trouvera dans sa portion coiffe la couronne et offrira la prochaine…
Même les techniques de confisage proviennent d'Orient. Elles ont été perfectionnées au XIVe siècle à Apt pour satisfaire des papes gourmands. Les fruits confits viennent souvent de la capitale du Luberon labellisée « Site remarquable du goût ».
À Marseille et en Provence, c'est unique en France, on croque à l'occasion de la Chandeleur une navette. La forme de ce biscuit à la fleur d'oranger symbolise une embarcation. C'est sur cette barque que les Saintes, dont Sainte-Marie-Madeleine, chassées par les persécutions, se seraient échouées sur les rivages de Provence. Celles du Four des Navettes, à côté de l'abbaye Saint-Victor, sont réputées pour se conserver une année entière ! Chaque biscuitier propose sa propre version de ce biscuit à la fleur d'oranger.
Le 2 février, les Marseillais se lèvent tôt ! Dès 5h du matin, une procession de la Vierge Noire débute sur le Vieux-Port pour rejoindre l'abbaye Saint-Victor. Le jour de la Chandeleur, des cierges verts ainsi que des navettes sont bénis par l'évêque.
Mais on se régale aussi, comme dans tout le pays, de crêpes dont la rondeur rappelle le soleil. Comment sublimer les crêpes de la Chandeleur ? En les tartinant de miel de lavande, de confitures artisanales de figues et d'abricots, de crème de marrons de Collobrières, de pâtes à tartiner maison.